Plutôt original, drôle et instructif ce petit bouquin offert par ma maman lors de mon dernier anniversaire. Et dédicacé en plus, parce qu'elle a rencontré son auteur en personne à la Foire du Livre de St Louis.
Pierre Ménard, âgé d'à peine 23 ans (22 à l'époque), étudiant à HEC, en est déjà à son 3ème bouquin. 20 bonnes raisons d'arrêter de lire est le 2ème (juste après Pour vivre heureux, vivons couchés et juste avant Comment paraître intelligent.
S'appuyant sur les auteurs les plus classiques de la littérature, il essaie de démontrer que, loin d'être une vertu, la lecture est un danger pour l'humanité.
"Lire c’est comme prendre de l’alcool ou de l’opium. Au même titre que ces substances, la lecture devrait être reconnue comme une addiction, et faire l’objet d’une nouvelle loi Evin. On se grise au début, dans une insouciance agréable. Tout le monde le fait, pourquoi pas nous ? On en reveut. On s’isole. On en redemande. On s’enferme peu à peu dans un monde parallèle…"
Oui, "lire coupe du monde, et pas seulement les footballeurs".
Oui, lire rend fou. Pas un seul auteur qui ne soit normal : les uns sont alcooliques (Hemingway, Musset, Rimbaud...) ou épileptiques (Lord Byron, Flaubert, Molière...), les autres cocaïnomanes (Conan Doyle, Stevenson), consommateurs de haschisch (Baudelaire, Verlaine, Balzac...), de LSD (Aldous Huxley), de morphine (Nabokov) ou d'opium (Oscar Wilde). Nombreux sont ceux qui ont fini leur vie dans un asile, Gérard de Nerval se promenait dans Paris avec un homard tenu au bout d'une laisse et Gottlob Burmann, poète allemand, refusait d'utiliser la lettre r.
Oui, lire détruit la planète : il faut couper un arbre pour publier 100 Harry Potter.
Oui, lire rend fainéant : "A y regarder de plus près, la vie d'un grand lecteur n'est pas si différente de celle d'un malade en phase terminale : se lever, s'allonger (pour lire), déjeuner, s'étendre (pour lire), dîner, lire, se coucher. [...] D'ailleurs, ce n'est pas un hasard si la conjugaison au présent du verbe "lire" aux trois personnes du singulier et le meuble qui nous invite à la paresse sont homophones (je lis, tu lis, il lit)."
Oui, lire tue, est mauvais pour les femmes, est dangereux pour la société, est inutile...
Au final, Pierre Ménard nous livre un pamphlet corrosif et plein d’humour, extrêmement bien documenté (j'en ai appris des choses sur la littérature et ses auteurs) et truffé de cas bien réels pour étayer ses thèses avancées. Il passe en revue tous les défauts des livres, afin de nous débarrasser à jamais de ce fléau, pour en fin de compte en faire l'éloge le plus abouti.
A lire !