Un tueur en série est une personne qui a commis au moins trois meurtres, un intervalle de temps — de quelques jours à plusieurs années — séparant chacun de ces meurtres (définition trouvée dans Wikipedia).
Donc, y'a pas, c'est bien à un serial killer que nous avons à faire depuis quelques jours au fond du jardin puisqu'il a zigouillé coup sur coup quatre cocottes. Le froid intense des derniers temps l'a probablement incité à sortir de sa tanière et/ou du bois et à s'approcher des habitations. Je dis "il", mais c'est peut-être bien une "elle", qui sait ? Une serial killeuse alors ?
Quoiqu'il en soit, son scénario semble maintenant bien huilé. Le mien aussi donc. J'ouvre les volets au petit jour, je m'installe pour prendre mon café matutinal, je regarde machinalement par la baie vitrée et que vois-je (ou plutôt que ne vois-je pas) ? Le nombre exact de poules que j'ai quitté la veille ! J'ai beau compter et recompter dans tous les sens, je n'aperçois que (x-1) poupoules qui batifolent et picorent dans l'enclos. Je ne fais alors ni une ni deux, je chausse dare-dare mes sabots de Cosette et je file en reconnaissance pour voir tout ça de plus près. De plus près, mais pas de trop près hein, car elle n'est pas très vaillante la Vivi. Son slogan : "Mieux vaut être prudente, on sait jamais" !
Je reste à distance donc, emmitouflée dans mon peignoir en pilou (ben, c'est qu'il ne fait pas chaud en ce moment dehors), n'écoutant que mon sixième sens qui m'a déjà alertée depuis longtemps qu'il y avait quelque chose de pas très normal qui se tramait : des plumes partout... hum, hum. Diable ! On dirait bien que ça sent le roussi.
Pas la peine d'avoir fait 10 ans d'études après le bac ou pris des cours de philo à domicile pour comprendre qu'il y a baleine sous caillou.
Je scrute l'enclos de mon oeil de lynx, ne voyant toujours aucune trace de la poule manquante et... ah ! si ! je la vois dans un coin sous la haie. Mais ! Bigre ! Elle n'a pas l'air très active. Elle a l'air même complètement inerte. Et refroidie. J'attends.... des fois qu'elle se mette à bouger.... des fois qu'elle soit juste là à glandouiller dans son nid de poule et que tout d'un coup elle se rende compte que je suis là et que je vais lui filer son frichti... Mais non, les secondes passent et, justement, à part ça il ne se passe rien d'autre... elle a visiblement sombré dans un sommeil éternel.
Après.... je ne m'approche pas.... ah non non non ! Mais je rentre à toute vitesse dans la maison pour sauter sur mon téléphone et annoncer la mauvaise nouvelle à Jules, afin qu'il sache qu'il aura à organiser une mise en bière et des funérailles à son retour du boulot. Car oui, nous avons un cimetière juste de l'autre côté du grillage qui comporte déjà un nombre conséquent de sépultures : oiseaux, taupes, écureuil, mulots et... poules.
Bon, ce que je trouve un peu triste c'est qu'il n'y a jamais grand monde aux obsèques des poules. Ni à celles des autres d'ailleurs. Heureusement que Jules et La Vieille Marmotte sont là pour assurer et leur rendre les derniers honneurs !
Car pour tout vous dire, le(la) serial killer(euse) a égorgé les malheureuses gallinacées, leur a mangé la tête (c'est pas le meilleur morceau en plus !) et a laissé gésir là le reste de leur pauvre cadavre encore tout chaud. Hé oui, c'est cruel. Fauchées si jeunes et dans la fleur de l'âge, et mourir de façon si tragique, franchement c'est moche...
Du coup, notre cheptel de six, reconstitué tout récemment, a été précisément divisé par trois.
Il suffit !
Donc ce soir, nous avons employé les grands moyens : couvre-feu dès les dernières lueurs du jour disparues et tout le monde (façon de parler car il ne reste plus grand monde) enfermé à double tour dans le poulailler jusqu'à demain matin.