la louisiane

Publié le 9 Novembre 2014

Je m'en souviens bien.

C'était hier.

Je venais d'arriver aux États-Unis pour rejoindre Jules qui y travaillait depuis quelques semaines. Il était prévu que nous y restions un an.

Déjà, à l'époque, j'aimais beaucoup les blablas mais les PC n'avaient pas encore envahi les foyers comme aujourd'hui. C'est donc dans de gros classeurs que je consignais à la main au jour le jour nos moindres faits et gestes, photos, brochures, programmes, factures de restaurant, cartes postales, tickets de concert ou de ciné... et coupures de journaux extraites de The Times-Picayune, quotidien (à l'époque) local américain de La Nouvelle-Orléans et de ses environs.

Jusque là-bas, dans la petite ville où nous habitions, la chute du mur avait fait l'effet d'une bombe.

Et vous ? Vous étiez où et vous faisiez quoi quand vous avez appris cette nouvelle ?

IL Y 25 ANS : LA CHUTE DU MURIL Y 25 ANS : LA CHUTE DU MUR
IL Y 25 ANS : LA CHUTE DU MURIL Y 25 ANS : LA CHUTE DU MUR

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Rédigé par vivi

Publié dans #la Louisiane, #actualité...

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Publié le 28 Mars 2013

ouragan-copie-3.jpg

Pourquoi j'ai acheté ce livre ?

Parce qu'il se passe en Louisiane et que j'y ai habité pendant un an.

Parce que j'ai vécu l'Ouragan Katrina, ses vents de 280 km/h et les inondations qui ont suivi presque en direct (mais bien au sec et au chaud en ce qui me concerne) avec des amis vivant là-bas.

Parce que j'ai adoré Le soleil des Scorta et La Porte des enfers, les deux romans que j'avais lus jusque là de Laurent Gaudé.

Parce que j'ai aimé son format et sa couverture toute douce, ce qui me fait penser que, comme Cockpit, je ne suis pas encore tout à fait prête pour le livre numérique.

Pour les premières phrases du livre... Vous avez remarqué comme c'est important les premières phrases d'un livre ?

Moi, Josephine Linc. Steelson, négresse depuis presque cent ans, j'ai ouvert la fenêtre ce matin, à l'heure où les autres dorment encore, j'ai humé l'air et j'ai dit "Ça sent la chienne". Dieu sait que j'en ai vu des petites et des vicieuses, mais celle-là, j'ai dit, elle dépasse toutes les autres, c'est une sacrée garce qui vient et les bayous vont bientôt se mettre à clapoter comme les flaques d'eau à l'approche du train.

L'histoire se passe dans les quartiers pauvres et noirs (pléonasme) de La Nouvelle-Orléans, le Lower Ninth Ward, alors qu'une terrible tempête est annoncée. L'ambiance est lourde, humide, moite et pesante. La plupart des habitants ont fui la ville et tout a été mis en oeuvre pour évacuer les quartiers blancs. Mais restent les écorchés vifs, les laissés-pour-compte, ceux qui, faute de moyens, n'ont pas pu partir et qui devront subir la fureur du ciel.

Il y a Keanu, seul dans sa voiture, qui fonce à contre-courant sur la I-10 en quête de Rose. Il l'a laissée derrière lui six ans plus tôt pour vivre sa vie avant de vivre l'enfer sur une plate-forme pétrolière au large du Texas.

Il y a Rose que la vie a brisée, avec son fils Byron qui ne lui est rien parce qu'il est né d'une union sans amour entachée de honte.

Il y a Josephine Linc. Steelson, vieille négresse centenaire, témoin du siècle passé et de l'esclavagisme. Elle porte en elle toute la rage et la colère du peuple noir et attend la mort en évoquant le passé.

Il y a aussi Buckeley et d'autres dangereux prisonniers d'Orleans Parish Prison. Aucun d'eux n'a plus rien à perdre. Les gardiens ont déserté leurs postes et ont abandonné les détenus dans les geôles. Peu à peu l'eau monte...

Il y a enfin le révérend catholique mystique et illuminé qui lentement mais sûrement sombre dans une folie meurtrière au nom de Dieu... 

Au fil des pages, leurs destins se croisent, se rejoignent, se mêlent, puis se séparent.  

Rendue à sa violence primordiale, la nature se déchaîne et confronte chacun à sa vérité intime. Ils sont mis face à leur passé (qu'ont-ils faits ?), leur présent (comment vont-ils bien pouvoir s'en sortir ?), leur avenir (que vont-ils devenir ?)... Que reste-t-il en effet d'un humain au milieu du chaos, quand tout repère social ou moral s'est dissous ?

Tout au long du livre, leurs voix s'unissent, montent crescendo comme une clameur et l'histoire se termine en apothéose comme elle a commencé, par la voix de Josephine Linc. Steelson :  

Moi, Josephine Linc. Steelson, vieille négresse à la voix voilée par toute une vie de combats, je chante. C'est ma façon à moi de caresser le visage de tous ceux que j'ai devant les yeux. C'est ma façon à moi de sécher les rues de La Nouvelle-Orléans et de redresser les arbres couchés des marécages. C'est ma façon à moi de souffler plus fort que le vent. [...] Je porterai mes soeurs, moi, Josephine Linc. Steelson, toute négresse que je sois, malgré mes cent ans passés car le ciel s'est ouvert et nous avons fait face à notre propre nudité, je porterai les enfants effrayés, ma voix les rassurera et lorsque je mourrai, libre, sur ma terrasse, toujours négresse, à l'instant que j'aurai choisi, lorsque je mourrai, souvenez-vous de moi et gardez le regard droit.

Un livre tout à fait particulier, à lire... fan de Gaudé ou pas.

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Rédigé par vivi

Publié dans #la Louisiane, #livres-auteurs

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Publié le 26 Février 2013

Le 20 novembre 1980, le lac Peigneur, petit lac d'eau douce bien tranquille d'environ 3 km de longueur du nord au sud sur un peu moins de large d'est en ouest et de 3 m de profondeur en moyenne, situé au sud de la Louisiane (paroisse de New Iberia) fut le théâtre de l'une des catastrophes industrielles les plus spectaculaires de l'histoire.

 
lac peigneur-copie-4
photo empruntée ici  
 
A cette époque, la Diamond Crystal Salt Company exploitait une mine de sel qui se trouvait sous le lac, tandis que la compagnie pétrolière Texaco forait depuis la surface à la recherche de pétrole.
 
Suite à une erreur de calcul, une foreuse perça dans le dôme de sel créant une brèche de 36 (petits) cm de diamètre seulement au fond du lac.
lac peigneur schéma
schéma emprunté ici 
 
Il est difficile de déterminer exactement ce qui se passa ensuite, mais le phénomène qui s'en suivit fut exactement le même que lorsque vous retirez la bonde de votre baignoire. L'eau s'engouffra si rapidement dans les cavités souterraines résultant de l'exploitation de la mine qu'elle engendra un gigantesque tourbillon.
 
Celui-ci dissout littéralement tout le sel sur son passage et noya l'ensemble des galeries au fur et à mesure que le trou s'agrandissait. Ce vortex de plusieurs centaines de mètres de large aspira en son centre la plate-forme pétrolière, les tours de forage de 47 m de haut, 11 barges, des bateaux de pêcheurs amarrés sur les berges, un remorqueur et aussi plus de 25 ha de terre ferme, une partie des jardins botaniques de Jefferson Island, des arbres centenaires de plus de 50 m de haut et une très belle et grande maison toute neuve avec terrasses et piscine dont il ne reste aujourd'hui que cette cheminée que j'ai vue de mes propres yeux ébahis et déconcertés. 
 
chimney2.jpg
photo empruntée ici
 
Les eaux du lac furent entièrement drainées à travers le trou et, quatre heures plus tard, il n'y avait plus aucune trace du lac.
 
Le phénomène fut si puissant que le cours d'un canal relié au lac, le canal Delcambre (au sud du la photo aérienne ci-dessus) fut inversé et aspiré à son tour. A cause de la différence de niveau, de l'eau salée en provenance du golfe du Mexique emprunta ensuite le canal (ou ce qu'il en restait) pour remplir à nouveau le bassin du lac, donnant naissance à un plan d'eau beaucoup plus profond.
 
Ceci eut pour effet de créer, pendant plusieurs jours, une cascade haute de 50 m à l'endroit où l'eau se déversait dans le trou, la plus haute jamais vue en Louisiane (voir photo ci-dessous) !
 
peigneur2
photo empruntée ici 
 
Aussi incroyable que cela puisse paraître, la catastrophe ne fit aucune victime humaine, ni même aucun blessé. Les hommes de Texaco purent évacuer leurs installations juste à temps, de même que les 55 mineurs qui travaillaient à ce moment-là à plusieurs centaines de mètres sous terre. Leonce Viator, un pêcheur local, fut lui aussi en mesure de conduire sa barque sur la rive et se sortir de là. On déplora toutefois la mort de 3 chiens.
 
Ces événements transformèrent en quelques jours un petit lac d'eau douce profond d'à peine 3 m en un lac salé de dimensions bien supérieures atteignant 60 m de profondeur, ce qui affecta bien entendu irréversiblement son écosystème.  
 
Texaco versa 32 millions de $ de préjudices à la Diamond Crystal Salt Company et la mine de sel, évidemment, fut fermée en 1986.
 
vidéo empruntée ici en anglais seulement mais à voir... rien que pour les images.... 

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Rédigé par vivi

Publié dans #la Louisiane

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Publié le 14 Juin 2011

cajun 

C'est lui qui a gratté la lune pour faire les étoiles

(quand quelqu'un est toujours content de lui)

 

Une bonne cuisinière doit savoir tout accommoder, même le putois

 

Les cochons engraissent pas sur l'eau claire

(quand les enfants se salissent)

 

Il a pas pendu la lune

(de quelqu'un qui n'est pas trop intelligent)

 

Il met de la boucane (fumée) en sac

Il vide la mer avec un baril défoncé

(de quelqu'un qui a toujours des projets grandioses et impossibles)

 

Il reste debout comme un poteau fanal

  (de quelqu'un qui manque d'énergie)

 

On peut manger tout ce qui ne nous mangera pas le premier

 

Il dételle la charrue au milieu du marais

(de quelqu'un qui ne finit jamais rien)

 

Nous on ne mange pas pour vivre, on vit pour manger

 

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Rédigé par vivi

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Publié le 8 Juin 2011

    
 
Dans la communauté Musique à Coeur Ouvert de Véro, Canelle a décidé cette semaine que l'on allait parler du JAZZ sous toutes ses formes.
 
J'avoue que je ne suis pas une grande fan, mais j'aime le jazz manouche et pour d'autres raisons le New Orleans, car comme je vous en avais déjà parlé vite fait ici ou , j'ai habité cette ville pendant une année.  
 
Dixieland ? C'est le nom que les Américains donnent à La Nouvelle-Orléans (en l'accompagnant d'un grand sourire et d'un clin d'oeil entendu et complice tant l'esprit de fête est associé à cette ville) et aussi au hot jazz, early jazz ou New Orleans (prononcer Nolinss et pas Niou Olinss) qui est un style de musique jazz développé dans cette ville au début du XXème siècle.
 
dixieland
 
A cette époque, nombreux étaient les gens de La Nouvelle Orléans qui ne parlaient que le français. Aussi, les billets étaient imprimés d'un côté en français, de l'autre en anglais. Sur un billet de 10 dollars, on imprimait "ten" sur une face et "dix" sur l'autre. Ce que les Américains prononçaient "dixie".
New Orleans devint donc "Dixieland". Et c'est là qu'est né le jazz. Tout a débuté à la fin du XIXème siècle, peut-être un peu avant... Personne ne sait au juste quand ça a vraiment commencé. "Ça s'est fait comme ça, sans y penser : tout d'un coup le jazz était là et tout le monde était content" !

Oui, le jazz serait né à Storyville, le quartier des maisons closes. La raison est facile à comprendre. Jouer dans la rue, même si cela faisait partie du quotidien, ne faisait vivre personne. Et à l'église, les musiciens étaient bénévoles. Par contre, les maisons de prostitution embauchaient des orchestres de jazz pour agrémenter les soirées ! Et cela payait plutôt bien. Les orchestres avaient l'habitude, une fois leur service terminé, de se livrer à des joutes musicales tonitruantes. Le principe était simple : c'était à celui qui parvenait, à force de s'époumoner, à couvrir la musique de l'autre. Nul doute que ces performances sont à l'origine de l'exceptionnelle puissance du jazz louisianais.

Un de ces orchestres se nommait "Razzy Dazzy Jazzy Band". Il rencontra un tel succès que, dès 1915, cette musique négro-américaine fut connue sous le nom américain de jazz (une hypothèse parmi toutes celles qui circulent)...
uis en 1917, tous les lieux de plaisir furent fermés et les musiciens de jazz émigrèrent vers d'autres villes, surtout Memphis, Saint Louis, Kansas City, Chicago et, plus tard, New York. Mais aujourd'hui, le jazz a reconquis son royaume ; à La Nouvelle-Orléans, il est présent partout : dans Bourbon et Royal Street, mais aussi dans Conti, Canal, Dumaine ou Decatur, bref dans toutes les rues du French Quarter, le quartier historique de La Nouvelle-Orléans où l'animation est quasi permanente ; dès le matin, dans les allées du French Market ou dans les rues du Vieux Carré, tous les instruments sont de sortie : trompettes, trombones, contrebasses, clarinettes, banjos et planches à laver (washboard) l'instrument que je préfère à cause de sa sonorité et son originalité.
Ecoutez donc Washboard Chaz, c'est pure merveille.
 
 
Il faut quand même que je vous explique : il règne en Louisiane une vraie joie de vivre, du bien manger et du bien danser (euh, boire aussi). C'est le pays où il fait bon "laisser le temps rouler". La musique y a donc une place TRES importante et tous les prétextes sont bons pour faire la fête : une naissance, un enterrement (on pleure en emmenant le défunt au cimetière mais au retour, on rit et on danse, car on sait qu'il sera bien plus heureux là-haut qu'en ce bas monde), un mariage, un divorce, une fête religieuse, une commémoration patriotique, une cérémonie militaire, une campagne électorale, Mardi-Gras, une communion, et que sais-je d'autre encore... Ah oui, même l'arrivée d'un ouragan. Je me souviendrai toujours de ma première "hurricane party" chez Will Swanger !
 
street-band-new-orleans
 
Et comment parler du jazz à La Nouvelle-Orléans sans parler du Preservation Hall, situé au 726 de Saint Peter Street, à la hauteur de Royal ? De l'extérieur, l'établissement ne paye vraiment pas de mine et contraste fort avec son prestige. L'aspect "décrépit", aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur est soigneusement entretenu et si vous cherchez un petit coin intime et des banquettes moelleuses, passez votre chemin. Ici, on est assis sur des bancs en bois. Ou par terre. Ou alors on reste debout. Bien sûr, on ne consomme pas de boisson, on vient juste pour le plaisir d'écouter de la musique, de la très bonne musique. L'orchestre change tous les jours. Les séances durent une demi-heure, mais on peut rester toute la soirée si l'on veut pour la modique somme de 2 $ (en 1989).
 
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La Louisiane tient une place à part dans le coeur des Français, bien sûr à cause de son histoire et de son passé. Quant à moi, il est évident que j'y ai laissé un petit bout de moi. On ne ressort pas indemne d'une année passée dans les bayous !
Je vous raconterai sûrement la suite un de ces jours...
 
En attendant, vous avez aimé le voyage ?           
 

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Rédigé par vivi

Publié dans #la Louisiane, #musique

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