C'était pour moi la troisième fois que je donnais la vie en 3 ans 1/2 ; il me tardait de voir ta petite bouille et de te présenter à tes grands frères. Mais toi, tu n'étais pas pressé du tout de faire voir le bout de ton nez.
Peut-être que, déjà, tu peaufinais ton look et ne voulais te montrer que sous ton meilleur jour ? Tu as rudement bien fait, car j'ai tout de suite pensé en te voyant que tu étais sans doute un des plus beaux bébés de l'année 1996 !
Quelle joie d'avoir encore un garçon, ressemblant aux "grands" mais aussi tellement différent. Pour la petite anecdote, c'est toi le plus petit bébé des quatre : "seulement" 3,550 kg !
Les toutes premières semaines de ta vie, tu a passé beaucoup de temps pelotonné contre moi alors que je dévorais La Bicyclette Bleue et la suite des aventures de Léa Delmas et de François Tavernier, pendant les tétées. Mais très vite, il a fallu que ça bouge et j'ai compris que tu allais avoir du caractère, pas dans le sens péjoratif du terme (= sale caractère) mais plutôt dans le sens où dès ton plus jeune âge tu as su ce que tu voulais et avançais droit sans faillir vers ton but, avec persévérance, constance, acharnement et une rigueur qui te caractérise tout particulièrement.
Tu as toujours été un lève-tôt. Même âgé de quelques mois, tu te déjà réveillais aux aurores : et 6 heures 1/2, c'est tôt pour une jeune maman qui manque de sommeil !! Je n'ai pas un tellement bon souvenir de ces matins glacés de ton premier hiver quand nous nous retrouvions tous les deux dans le salon, une fois ton biberon englouti. Je cherchais désespérément quoi faire pour t'occuper en silence (pour ne pas réveiller les autres) car tu n'avais qu'une envie : découvrir, jouer, bouger, que sais-je d'autre ? quand je ne rêvais que de me rendormir.
Tu n'as pas voulu apprendre à ramper comme le font parfois les autres bébés, ni aller à quatre pattes. Ce que tu voulais, c'était aller à deux pattes, pouvoir suivre ses frères et courir derrière eux alors, à 9 mois et 5 jours, tu as fait tes premiers pas. Mais tu n'en es pas resté là. Ensuite, il a fallu apprendre à monter et descendre les escaliers, faire du vélo, de la trottinette, grimper aux arbres, taper dans un ballon,... Ta vitalité était sans limites.... et parfois épuisante....
Tu as été le premier à profiter de ta maman à plein temps puisque j'avais alors décidé d'arrêter de travailler et de prendre un congé parental.
Très vite, ta grande passion a été les voitures. A 3 ans, tu passais des heures à plat ventre dans ta chambre à les ranger (garer) les unes contre les autres, dans un sens, dans un autre, et tu les connaissais toutes : la Hotchkiss de 1925 avec son moteur à soupape en tête, la Rolls Royce Silver Ghost et ses pistons en alliage léger, la Mercedes Série S et son essieu arrière tournant, la Duesenberg modèle J lancée en 1928 au salon de New York, l'Amilcar C6 et son compresseur à deux étages et l'Auburn Speedster équipée de ses fameux freins à tambour. Bien sûr, tu as en même temps nourri une grande admiration pour la Peugeot cent-six-cinq (605) de tes parents !
Ah oui, j'oubliais, tes premiers mots ont été "quatquat" (4x4), "boto" (moto) et "ro pamon" (gros camion).
Puis il a fallu t'apprendre à lire, pour pouvoir jouer aux cartes Pokémon avec tes frères et au jeu Pokémon rouge sur la Game Boy Color achetée à 3 avec vos sous. Là aussi, pour ne pas faire les choses à moitié, tu les as tous appris par coeur. Les 150, leurs évolutions, leurs attaques, leurs niveaux, leurs techniques, leurs types, etc... le tout sur le bout des doigts. C'était en moyenne section de maternelle. Tu n'as pas passé une très bonne année. Tu avais crû bien faire en montrant à la maîtresse que tu savais écrire nos noms : maman, papa, Fiston 1, etc. au lieu de dessiner ta famille comme elle l'avait demandé. Mais elle n'a pas compris pourquoi tu n'avais pas dessiné comme les autres enfants et avait décidé un peu rapidement dès les premiers jours après la rentrée que c'était sans doute parce que tu étais autiste ! Du coup, ce qui n'a rien arrangé, tu as décidé de ne plus du tout lui parler et de ne plus ouvrir la bouche en classe jusqu'à la fin de l'année scolaire. A la rentrée suivante, quand tu as changé d'école, tout s'est arrangé. Quelquefois, quand tu nous saoules de paroles au moment du repas, j'ai très envie d'inviter à manger Madame G. pour qu'elle voie qui tu es devenu. J'ai aussi beaucoup pensé à elle la première fois où tu as eu dans son carnet de correspondance un mot pour "bavardage"....
Comme tu as toujours pris les choses très à coeur, et quand ensuite la passion du foot t'a emporté, remplaçant celle des voitures et des Pokémon, il a aussi fallu tout savoir : le nom des joueurs, des stades, des entraîneurs, des arbitres, les résultats des coupes, le parcours de tous les footballeurs, les clubs où ils avaient évolué, les classements des championnats (français et étranger !), etc. etc. etc. Tu as dévoré des pages et des pages de livres et de magazines sur le sujet. Bien sûr, tu t'es inscrit dans un club et tu as pratiqué trois fois par semaine pendant 8 ans (sans compter les heures passées au fond du jardin). Le jour de ta naissance, les Girondins étaient d'ailleurs en finale de la coupe de l'UEFA à Bordeaux avec dans leur équipe un certain Zinedine Zidane. Un signe ? ?
En ce moment, tu es un ado dans toute sa splendeur : mou, avachi, râlant pour râler, voulant toujours avoir le dernier mot, agissant parfois en dépit du bon sens rien que pour contredire tes parents. Quand on te demande un service, tu souffles, tu traînes les pieds, tu dis "j'ai déjà aidé il y a deux jours ; ça commence à suffire", tu es désagréable au possible, tu demandes sans cesse "pourquoi ?" et je te soupçonne d'avoir un énorme poil dans la main.
Cependant, quand tu veux (ce qui peux paraître contradictoire, mais n'est-ce pas ça aussi l'apanage de l'adolescence ?), tu es généreux, tu as le coeur sur la main, tu aimes les autres et ils te le rendent bien, tu es apprécié par tes camarades (ce qui est une grande satisfaction pour une maman), tu es la plupart du temps de bonne humeur, ton sourire est ravageur, il détend bien souvent l'atmosphère et illumine nos journées.
Je ne sais pas quel genre d'adulte tu seras, mais je sais que tu seras heureux car tu prends toujours les choses du bon côté et tu respires la joie de vivre. Tu aimes t'amuser, rire, faire la fête et tu prends du plaisir à rencontrer tes amis pour faire un foot, discuter ou écouter de la musique.
C'est aujourd'hui ton anniversaire, petit homme, et je souhaite du fond du coeur que tu aies apprécié cette journée, entouré de ta famille au sens large du terme. Je voulais bien sûr en profiter pour te dire combien je t'aime, combien je suis fière de toi aussi et te remercier pour ces moments passés avec toi.
Car l'anniversaire des enfants, c'est aussi un peu l'anniversaire des mamans, non ?