Bizarrement, c'est toi le premier de la fratrie mais c'est ton anniversaire que l'on fête en dernier.
Il y a 19 ans, il faisait très beau (contrairement à aujourd'hui où le temps est plutôt mitigé). Je me souviendrai toujours des fenêtres ouvertes de la maternité. Tandis que je t'attendais patiemment, j'entendais les cris des enfants jouant sur la plage, et je me disais avec tendresse qu'un jour très proche viendrait où ce seraient les tiens que j'entendrais, tandis que je te regarderais avec amour patatouiller dans l'eau et gratouiller le sable.
Le plus beau bébé du monde, c'était toi ! Les parents les plus fiers du monde, c'était nous !
J'ai adoré te regarder grandir jour après jour, semaine après semaine, et voir comment tu t'ouvrais au monde, avec curiosité, malice et énergie, perspicacité, bonne humeur et joie également (tu ne te souviens sans doute pas du temps où l'on t'appelait "Monsieur Sourire" et pourtant il a bel et bien existé) ! Peu à peu, j'ai découvert avec toi le bonheur et la joie d'être mère, les difficultés que cela impliquait aussi.
Très sportif, il a toujours fallu qu'avec toi "ça bouge" ! Tu marchais pour tes 10 mois avant qu'une varicelle assez violente ne te mette au tapis pour plusieurs semaines. Elle a d'ailleurs laissé sur ton visage des cicatrices de guerre dont tu n'es pas peu fier ! Ensuite, tu appris à faire du vélo à 3 ans, à nager à 5 et à faire du ski nautique à 6. Tu t'es inscrit au rugby, au foot, au tennis, au judo (jusqu'à la ceinture marron) et pour finir au badminton, sans ménager ta peine et tes efforts. Bien sûr, les années ados aidant, ces derniers ont été de moins en moins soutenus et... comment dire...de plus en plus... mous ! Le bad est toutefois toujours inscrit à ton emploi du temps d'étudiant en faculté et on peut dire qu'il a "sauvé" ta première année, n'est-ce pas ?
Tu n'as pas profité très longtemps de ton statut d'enfant unique car 16 mois 1/2 après ta naissance, un autre petit garçon venait rejoindre notre famille. Et c'est avec beaucoup de fierté que, pour la première fois, tu as endossé la responsabilité de "grand frère". Deux autres bébés allaient suivre, un autre frangin, puis une petite soeur... Hé oui, à 6 ans 1/2, tu étais déjà le "chef" d'une jolie tribu de 4 ! Tu as toujours aimé ce rôle d'aîné. Encore aujourd'hui, il me semble que tu prends volontiers des décisions et des responsabilités quand ta fratrie est concernée, tu aimes être son "porte-parole", et les autres aiment "te suivre". Tu es protecteur envers eux, tu leur rends service, ils t'admirent, tu es plein de gentilles attentions, tu les véhicules volontiers à droite à gauche depuis que tu es l'heureux détenteur du permis de conduire et tu leur prêtes même ton ordinateur quand ils se battent pour avoir la place sur le PC familial (si c'est pas un signe d'amour ça) !! J'ai parfois un peu l'impression que tu veux leur offrir les privilèges dont tu n'as pas pu profiter en tant que premier.
Tu as toujours eu hâte d'apprendre, d'être grand, voire d'être adulte. Enfant, tu aimais notre compagnie et celle des grandes personnes au milieu desquelles tu te sentais à l'aise. Ça t'a passé ! Maintenant, lors des repas de familles, tu préfères toujours manger "avec les enfants" pour aller rejoindre le plus rapidement possible "les autres" ou tes amis.
La vitalité qui te caractérisait quand tu était petit s'est muée en "force tranquille" (attention ! j'ai pas dit "grosse flemme"). On ne peut pas dire que tu sois quelqu'un de stressé (doux euphémisme) ! Tu es plutôt cool dirai-je, quelqu'un pour qui il n'y a jamais rien de grave, jamais matière à s'énerver ou à s'affoler, jamais de quoi se presser, ce qui bien sûr ne t'empêche pas de réfléchir à toute vitesse et de trouver rapidement LA bonne solution quand un problème se présente. On a l'impression que dans ta tête tout est bien rangé et que tu calcules toujours quel sera le meilleur rapport énergie dépensée/rendement optimal afin de ne surtout point trop en faire.
Tu poursuis ton cursus scolaire sans agitation inutile, discrètement et te débrouillant toujours pour faire le nécessaire pour que "ça passe". Car, ta vitalité, tu préfères la garder pour des choses importantes comme : lire, dormir, manger, combattre en réseau les Ligues et les Forces du Mal, converser sur FaceBook, regarder des séries américaines, aller retrouver tes amis ou ta petite chérie !
Ce n'est pas facile d'être un aîné, tu es en quelque sorte celui qui ouvre la voie, celui sur lequel nous, les parents, faisons aussi nos armes et nos "essais". « Qui ains naist, ains paist » (qui avant, premier naît, premier souffre) dit un ancien proverbe. Les parents font toutefois de leur mieux et même si parfois ils se trompent, qu'ils sont lourds et se rendent compte après coup qu'ils sont dans l'erreur, ils le font toujours avec amour et bienveillance. Et tu as bien compris cela, ce qui nous permet d'entretenir une belle relation de confiance, en toute sérénité, même s'il y a de temps en temps quelques frictions et tu sais bien quels sont les sujets sensibles !
Je suis tellement fière de toi car tu es mon premier enfant, celui que j'ai aimé en premier, et ça personne ne pourra jamais te l'enlever. Ce que tu feras dans la vie ? Je n'en sais rien. Je crois que toi-même tu n'en sais rien mais je vois que tu avances de façon mesurée, calme, sereine et sans agitation. Et cela me plaît.
De tout coeur : BON ANNIVERSAIRE grand !