LES EMOTIFS ANONYMES
Publié le 17 Février 2011
Voilà une comédie romantique de Jean-Pierre Améris (ou comment le réalisateur utilise son vécu -il est émotif lui même- pour raconter l’histoire drôle et émouvante de deux amoureux).
Jean-René (Benoît Poelvoorde), patron d’une fabrique de chocolats déclinante, et Angélique (Isabelle Carré), chocolatière de talent en quête d'un emploi, sont deux grands émotifs. Pas juste un peu timides, mais émotifs XXL avec sueurs froides, bégaiements, malaises, tremblements, évanouissements et perte totale de contrôle dans pratiquement toutes les situations.
Deux inadaptés sociaux pour qui la simple perspective de parler en public, d'aller à un entretien d'embauche, de répondre au téléphone ou de se rendre à un rendez-vous galant provoque mal être, inquiétude, stress, paralysie et terreur.
Mais leur passion commune pour le chocolat va les réunir le jour où, sur un malentendu, Jean-René embauche Angélique comme "commerciale".
Ils tombent immédiatement amoureux l’un de l’autre sans oser se l’avouer et leur timidité maladive va, tout au long du film, plutôt tendre à les séparer qu'à les rapprocher.
Honnêtement, l'histoire est assez naïve et creuse. Il ne se passe pas grand-chose, en tout cas rien qu'on ne puisse prévoir deux scènes à l'avance. Certains gags sont aussi un peu lourds et on les voit parfois arriver de loin.
Si vous voulez de l'action, passez votre chemin.
Toutefois, les deux acteurs principaux sauvent parfaitement bien la mise et j'ai admiré leur talent, leur sens de la comédie, leur interprétation et leur complicité à l'écran. Ils SONT leur rôle. Ils arrivent à rendre certaines scènes du film, qui auraient pu être grotesques, totalement hilarantes. Par ailleurs, ils sont terriblement attachants. A l'image des seconds rôles (le groupe des Emotifs Anonymes et les autres employés de la chocolaterie), on a vraiment envie de les aider pour qu'ils dépassent leur timidité et forment enfin un beau couple d'amoureux.
Ma scène préférée est celle du restaurant où Jean-René, paralysé par la timidité et incapable de dire à Angélique qu'elle est la femme de sa vie, lui déclare sa flamme en chantant, complètement transfiguré, sur l'air des "Yeux Noirs". Vous connaissez cette chanson traditionnelle russe, basée sur une musique tzigane ? Allez rien que pour vous la partition musicale interprétée par le grand Django Reinhardt himself.
Vous l'aurez compris, du bien et du moins bien dans ce film, mais globalement un bon moment passé au cinéma avec Jules. Par certains côtés, ce film m'a un peu fait penser au "Fabuleux Destin d'Amélie Poulain", à "Ratatouille" (dans la scène où ils font des essais culinaires) ou à "Charlie et la Chocolaterie".
Dans tous les cas, pas d'inquiétude si vous allez le voir : vous n'aurez certainement pas le temps de vous ennuyer car il ne dure qu'1h20 !