COMMENT PARDONNER ?
Publié le 16 Février 2011
On peut dire que j'ai légèrement galéré cette semaine pour répondre aux exigences de VIRGINIE D'EDENSLAND, notre présidente pour la communauté Musique à Coeur Ouvert de Véro, car elle nous a proposé de plancher sur le thème suivant : COMPRENDRE ET PARDONNER....
La tolérance. Le pardon.... ça devient de plus en plus intellectuel et philosophique cette communauté !!
Et puis, en réfléchissant un peu, j'ai finalement pensé à cette chanson de Leonard Cohen, The Famous Blue Raincoat.
C'est assez vieux, ça date du début des années 70. Les petites jeunes vont encore dire : c'est quoi ce truc ? On connaît pas, on n'en a jamais entendu parler.....
Alors écoutez, c'est l'histoire d'un type (Cohen) qui écrit une lettre à l'un de ses amis, peut-être son frère (my brother, my killer), en tout cas un mec qui lui a piqué sa femme autrefois. Elle évoque leur passé, une histoire d'amour avec trois protagonistes : le chanteur, le destinataire de la lettre et Jane. Vous me suivez ? Le narrateur dit ensuite à son ami qu'il croit qu'il lui a pardonné et qu'il lui manque, qu'il lui est finalement reconnaissant de ce qui s'est passé autrefois parce que.... Bon ! Je ne vais pas tout vous raconter ! Il vaut mieux que vous écoutiez par vous-même.
Pour les non-anglopones, voilà une traduction, qui vaut ce qu'elle vaut ; elle reste pleine de sous-entendus non-dits, comme la version anglaise d'ailleurs et comme souvent dans les chansons de Leonard Cohen.
Il est 4 h du matin, fin décembre,
Je t'écris juste pour savoir si tu vas mieux.
Il fait froid à New York mais j'aime bien l'endroit où je vis
Avec la musique de Clinton Street pendant toute la soirée.
Il paraît que tu construis ta petite maison tout au fond du désert.
Maintenant tu n'as plus de raison de vivre,
J'espère que tu gardes des traces écrites.
Oui, et Jane est passée avec une boucle de tes cheveux,
Elle m'a dit que tu la lui avais donnée
Cette nuit où tu voulais prendre un nouveau départ.
As-tu jamais pris un nouveau départ ?
Oh la dernière fois que l'on t'a vu tu avais l'air tellement vieilli,
Ton fameux imperméable bleu était déchiré à l'épaule.
Tu étais allé à une gare, attendre n'importe quel train,
Tu es revenu sans Lily Marlène,
Et tu as offert à ma femme une parcelle de ta vie.
Quand elle est rentrée, elle n'était plus la femme de personne.
Et je te revois là, une rose entre les dents,
Tout mince, un tzigane voleur de plus.
Ah, je vois que Jane est réveillée :
Elle t'envoie son bonjour.
Et qu'est-ce que je peux te dire, mon frère, mon assassin,
Qu'est-ce que je peux bien dire ?
Je suppose que tu me manques, je suppose que je te pardonne,
Je suis content que tu te sois trouvé sur mon chemin.
Si jamais tu repasses par ici, pour Jane ou pour moi,
Eh bien ton ennemi est endormi, et sa femme est libre.
Oui, et merci pour le tracas que tu as enlevé de ses yeux,
Je croyais qu'il était là pour de bon, alors je n'ai jamais essayé... (de l'enlever).
Oui, et Jane est passée avec une boucle de tes cheveux,
Elle a dit que tu la lui avais donnée
Cette nuit où tu voulais prendre un nouveau départ.
Amicalement, L. Cohen
Des sentiments en général louables, certes, mais difficiles à appliquer dans certaines situations. Comment en effet comprendre et pardonner, faire un pas vers l'autre et s'ouvrir à lui lorsqu'on a été blessé, humilié, violé, volé ou trompé ? Quand nos défenses naturelles nous pousseraient plutôt à nous replier sur nous-mêmes ou à chercher à nous venger ?
Je pense pouvoir comprendre et pardonner beaucoup de (petites) choses. Mais je me demande toujours comment pardonner lorsque l'on a été trahi(e), trompé(e), victime d'un viol ou d'un inceste ? Peut-on pardonner au meurtrier de son enfant ou d'un être cher ? Aux bourreaux des camps de concentration ? Aux tortionnaires ? Aux terroristes ?.....
Je peux réfléchir encore un peu à la question mais il me semble avoir la réponse. Moi, en tout cas, je ne pense pas que je m'en sentirais capable. Et vous ? Qu'en pensez-vous ?