LES PERROQUETS DE LA PLACE D'AREZZO
Publié le 9 Décembre 2014
Il y a presque un an, souvenez-vous, j'étais allée à une soirée littéraire avec ma copine (le compte-rendu détaillé ici) d'où j'avais ramené le dernier Eric-Emmanuel Schmitt (dédicacé en plus !). Enfin à l'époque c'était le dernier, depuis il y en a eu d'autres car il est très productif le monsieur.
Je ne savais pas trop à quoi m'attendre car je n'aime pas trop le personnage et pourtant j'ai adoré tout ce que j'ai lu de lui jusqu'à présent (Oscar et la dame rose, Odette Toulemonde, La rêveuse d'Ostende). Mais quand je dis adoré, c'est vraiment adoré.
Voilà l'histoire :
Autour de la place d'Arezzo, où les grands platanes ont été envahis par les perruches et les perroquets, vit une des populations les plus huppées de Bruxelles. S'y croisent, dans un voisinage élégant et contrasté, le fonctionnaire et l'étudiant, le bourgeois et l'artiste, la poule de luxe et la veuve résignée, mais aussi la fleuriste et l'irrésistible jardinier municipal. Des couples, des solitaires, humbles ou orgueilleux, conquérants ou vaincus, comme partout dans le monde. Tous gouvernés par leurs passions, leurs désirs, leurs fantasmes amoureux et sexuels. Jusqu'au jour où leur parvient une lettre, anonyme, identique, mystérieuse, qu'une colombe, et non point un corbeau, leur aurait adressée. Comme une bombe à retardement.
"Ce mot simplement pour te signaler que je t'aime. Signé: tu sais qui."
Et chacun de s'enflammer, de rêver, d'y voir une promesse, un bonheur attendu, une blague, une menace. On peut imaginer, pour le meilleur et pour le pire, le fatal enchaînement d'espoirs, de déceptions, d'embrouilles et de drames qui s annoncent...
Ce roman choral se déroule en 4 parties.
Tout d'abord, la présentation des personnages. Attention, ils sont nombreux et j'ai failli être obligée de prendre des notes pour me souvenir comme il faut de qui est qui et de qui est avec qui. Un certain nombre d'entre eux reçoit donc une lettre anonyme contenant un énigmatique message. Et par un réflexe bien naturel, chacun choisit de façon absolument pas objective qui pourrait bien en être l'auteur. L'histoire peut commencer.
Dans la deuxième partie, on découvre les joies, les déceptions voire les catastrophes que provoquent ces missives dans les foyers et les couples.
Dans la troisième partie, rien ne va plus, tout s'emballe...
La quatrième partie sera l'épilogue bien sûr...
Je me souviens de la réflexion de ma copine le jour où nous avions été à la présentation du bouquin et la façon dont elle avait résumé à sa manière la quatrième de couv' : "D'autres l'avaient fait, lui pas encore, mais ça y est, il a écrit son porno !"
D'un côté, oui, on peut synthétiser les choses ainsi.
D'un autre, non, c'est quand même un peu plus subtil que ça et ceux qui espèrent du croustillant seront un peu déçus (ou alors devront se rabattre sur Fifty shades of Grey). Très puritains s'abstenir quand même : dans certains passages EES n'y va pas par quatre chemins pour appeler un chat un chat.
Il y a une véritable intrigue et j'ai personnellement eu hâte de connaître la fin, de découvrir l'auteur des lettres (dévoilé à la toute dernière page), de savoir si toutes ces histoires d'amour allaient durer ou comment elles allaient s'achever...
J'ai aimé cette grande partie de cache-cache entre voisins, cette chronique merveilleuse d'une place bruxelloise, ce conte des temps modernes qui nous rappelle (si besoin était) que si l'amour fait du bien il fait aussi du mal, cette saga/bible des relations amoureuses où l'humour est présent à tous les chapitres.