POST-BAC ET ORIENTATION
Publié le 24 Mars 2011
Le moment agréable de la journée est celui après le repas de midi où je m'installe tranquillement avec mon petit café et un numéro du Sud-Ouest qui traîne. Celui-ci date du 12 mars mais bon.... comme je ne l'ai pas encore lu....
Je le feuillette et mon attention est attirée par le titre d'un article :
Des lycéens désorientés, le "post-bac" est un vrai casse-tête :
choisir sa voie après le lycée est devenu si difficile
que des jeunes recourent à des conseillers privés"
Hum, hum, intéressant.... Je lis donc la suite que je vous recopie mot à mot ci-après :
Marion ne savait pas quoi faire après son bac S... En se tortillant une mèche de cheveux, face aux interrogations de ses parents, elle marmonnait : "Hôtesse de l'air ?" Sa mère raconte : "Depuis le début de l'année, nous réfléchissons avec elle à une orientation possible. Il y a cette procédure d'admission post-bac, avec sa date butoir du 20 mars. Je ne voulais pas que Marion passe à côté d'une orientation correcte. Je ne veux pas qu'elle se trompe et je tiens à respecter le plus ses aspirations.
Déjà, je sens que cet article va m'énerver. Pourquoi est-ce si difficile de trouver sa voie après le lycée ? C'est quoi une orientation correcte ? Marion n'avait-elle pas émis une idée (hôtesse de l'air) ? Et puis pourquoi n'aurait-elle pas le droit de se tromper ? De quoi les parents se mêlent-ils ? N'est-ce pas SON orientation à ELLE ?
Certes. Mais Manon, comme Lucie, Kevin ou Matthieu, n'ont pas encore vraiment déterminé leurs aspirations. Les ados qui ont un projet de vie, de carrière, sont minoritaires. Du coup, la procédure d'admission "post-bac" qui offre l'opportunité d'inscrire 36 voeux devient un véritable casse-tête, voire une source d'angoisse pour les familles.
Pour observer ce qui se passe autour de moi, je dirais surtout une source d'angoisse pour les parents. Qui la transmettent sans aucun doute à leurs enfants.
Pour mémoire, Admission Post-Bac est le dispositif mis en place par l'Education Nationale, depuis quelques années, pour simplifier les démarches des lycéens en regroupant sur un site Internet l'ensemble des formations de l'enseignement supérieur proposées après le bac. Plus de dossier papier, tout est informatisé. J'en suis à ma troisième procédure et, franchement, je trouve cela très pratique. La seule difficulté consiste à classer ses voeux par ordre de préférence (si le premier voeu est accordé, le second s'annule, mieux vaut donc bien réfléchir et être sûr) et si, effectivement, on peut en mettre un maximum de 36, cinq ou six (voire un seul si le lycéen veut aller dans une fac non sélective) sont en général suffisants.
L'éducation nationale ne peut répondre car un seul conseiller d'orientation scolaire par établissement voit chaque élève en entretien, une fois dans l'année, c'est court.
Euh, dans le lycée qu'ont fréquenté mes deux aînés, il y a deux conseillers d'orientation. Les lycéens peuvent les rencontrer autant de fois que nécessaire. Bien sûr, il ne faut pas s'y prendre à la dernière minute, sinon tous les créneaux sont pris. Et puis, il y a aussi les C.I.O. (Centre d'Orientation et d'Information) où des rendez-vous sont possibles toute l'année, y compris pendant les vacances scolaires.
Du coup, les familles font appel à des boîtes privées, des officines qui proposent du "coaching scolaire". Elles fleurissent partout, les prix d'une prestation oscillent entre 250 et 400 euros (pour 3 heures de bilan).
Alors là, c'est le pompon ! Du "coaching scolaire" ? Mais c'est quoi ce truc ? Qui peut mettre 400 euros là-dedans ? Et à quoi ça sert (à part rassurer les parents) ? Et pour finir :
Manon a décidé de se lancer dans une première année de médecine, pour devenir ergothérapeute. Sa mère : "on est vraiment soulagé (...)". On est loin, très loin d'hôtesse de l'air.
Soulagé de quoi ? Ah effectivement, on en est très loin. Mais n'était-ce pas la première idée de Marion ? Pourquoi ne pas l'avoir laissée faire ? Pas assez bien comme métier ? Pas assez prestigieux ? C'est sûr, médecine, ça en jette (sauf que, à Bordeaux par exemple, sur 2500 candidats, seuls 300 passeront en 2ème année) ! Pourquoi les parents prennent-ils en charge l'orientation de leurs enfants ? Qu'on les soutienne, qu'on les guide, qu'on les épaule, OK, mais ne sont-ils pas assez grands pour s'en occuper eux-mêmes ? C'est LEUR orientation après tout. Est-ce les responsabiliser que d'agir ainsi ?
"Ah mais ils sont trop jeunes pour savoir ce qu'ils veulent faire, ils ne sont pas matures" répondront certains. Ah bon ? Je pense plutôt que décider pour eux ne les aide effectivement pas à faire un choix. Qu'un enfant à qui on n'a jamais donné la possibilité de se tromper ne sait pas choisir. Que faire à leur place n'est pas très formateur. Que la plupart de nos enfants savent tout à fait ce qu'ils veulent. Qu'il faut juste les écouter, leur faire confiance et respecter leurs choix, quels qu'ils soient. Bien sûr, à eux ensuite de les assumer.
Bon, moi je dis ça, mais.... j'ai pas la science infuse non plus... Vous en pensez quoi, vous ?
De toutes façons, je savais que cet article allait m'énerver.