LE RECITAL DES ANGES
Publié le 14 Décembre 2010
Pendant mon voyage en train Bordeaux-Strasbourg (6 heures 30 de trajet auxquelles s'est ajoutée 1 heure de retard), j'ai eu largement le temps de lire, entre deux siestes et deux paquets de M&M's.
Après la lecture passionnée de La Jeune Fille à la Perle, et certains de vos commentaires enthousiastes pour d'autres romans de Tracy Chevalier, j'ai donc décidé de lire toute son oeuvre. Ben oui, je suis comme ça moi ! Quand j'aime, je ne ménage ni mes efforts ni ma peine. Bon, je me suis renseignée auparavant, elle n'a pas écrit tant de bouquins que ça. C'est donc dans mes cordes.
Le Récital des Anges (ce qui n'est pas, à mon avis, une très bonne traduction du titre original Falling Angels) est une publication qui date de 2001.
L'histoire commence à l'aube du nouveau siècle. Le XXème bien sûr. A Londres. La reine Victoria vient de mourir et, comme la coutume l'impose, les familles se rendent au cimetière pour se recueillir. Leurs tombes étant mitoyennes, les Waterhouse et les Coleman font connaissance et leurs petites filles se lient d'amitié. Pourtant, les familles n'ont pas grand-chose en commun. L'une incarne les valeurs traditionnelles de l'ère victorienne et l'autre aspire à plus de liberté. Dans le cimetière, véritable coeur du roman, Lavinia et Maude se retrouvent et partagent leurs jeux et leurs secrets avec Simon, le fils du fossoyeur, au grand dam de leurs parents. Lavinia, très conventionnelle et particulièrement attachée à l'étiquette, est élevée dans le respect des traditions alors que Maude est livrée à elle même. Sa mère, Kitty, ne s'occupe guère d'elle et essaye en vain de chasser ses propres chimères. Elle s'enfonce peu à peu dans l'ennui et la déprime.... jusqu'au jour où elle découvre la cause des suffragettes. La vie des deux familles en sera bouleversée à jamais.
Comme dans La Jeune Fille à la Perle, l'écriture est fluide et belle. Le style est simple. Le livre décrit notamment le quotidien de familles bourgeoises, les conventions sociales, les us et les coutumes de l'époque, la simplicité, les détails et les petits bonheurs, mais aussi la cruauté et les drames de la vie, les tourbillons incontrôlables dans lesquels elle nous entraîne, la fatalité et la solitude. On suit ainsi l'évolution des différents personnages pendant une dizaine d'années.
Outre la peinture détaillée du Londres de l'époque post-victorienne, l'originalité du roman réside dans l'usage par l'auteur de la polyphonie, c'est-à-dire le recours à plusieurs voix narratives. Ainsi, l'histoire est alternativement racontée par tous les protagonistes (une dizaine), notamment les servantes, ce qui permet de cerner en profondeur le caractère de chacun, voire même de découvrir ses pensées intimes. On s'attache de ce fait assez facilement à tous les personnages, avec l'impression de vraiment les comprendre.
Toutefois, les hommes adultes du roman restent plutôt en retrait.
Ce qui laisse à penser que Le Récital des Anges est surtout un livre de femmes.
Le genre de livre que j'aime beaucoup. De ceux qui retracent une page de l'Histoire.