BELHARRA
Publié le 3 Novembre 2013
Ou quand le Petit coin de ciel du lundi paraît avec six jours de retard pour cause de vacances et de grosse flemme aussi.
Ce lundi 28 octobre, nous venons d'arriver dans le Pays Basque (eh oui, encore ! la dernière fois c'était là et c'était il n'y a pas si longtemps que ça).
Mais aujourd'hui, le ciel est gris/noir, bas, tourmenté. Les nuages s'accumulent les uns contre les autres, se pressent, se poussent, s'amoncellent. On dirait qu'ils ne savent plus où se mettre tant ils sont nombreux et la place dans le ciel restreinte. Le vent souffle en rafales sur la route de la corniche entre Socoa et Hendaye, la pluie éclabousse le pare-brise de la voiture, se déverse sans discontinuer et les essuie-glaces ont bien du mal à suivre le rythme.
Jamais vu à cet endroit-là l'océan autant en furie. La mer glaciale (je suppose) est déchaînée et blanche d'écume, les vagues en colère sont énormes et chargées de sable. Elles viennent s'écraser furieusement sur la plage et les rochers. Elle est bien loin n'est-ce pas la belle eau bleue et calme de la Baie de Loya photographiée cet été...
Et pourtant, comme au beau milieu du mois d'août, difficile de s'arrêter et de stationner le long de la route ce lundi matin. De nombreux badauds ? touristes ? locaux ? armés de parapluies ont fait fi des conditions atmosphériques déplorables et se sont postés aux endroits les plus dégagés. Tournés vers le large, ils scrutent...
Seuls les plus prévoyants, munis de jumelles ou de super téléobjectifs, auront le plaisir de voir les courbes et la danse de Belharra...
Qu'est-ce ? Une femme ? Une sirène ? Un bateau ? Un monstre marin ? Une tempête ?
Rien de tout cela car Belharra est une vague.
Elle porte son nom en référence à l'éperon rocheux lui permettant de se former, le Belharra Perdun, un haut-fond situé sur la côte basque.
Géante, XXL, mythique, de 8 à 12 mètres de haut (un immeuble de 4 étages), elle considérée comme l'une des plus grosse d'Europe. Sa particularité est de ne déferler que très rarement (moins d'une fois par an) et seulement lorsque certaines conditions météorologiques sont réunies : une grosse dépression qui se forme au large de l'Angleterre et qui amène progressivement une houle très conséquente en direction du Pays Basque, des vents favorables qui soufflent de la terre vers la mer et des coefficients de marée pas trop importants.
Elle a été surfée pour la première fois il y a onze ans et, lundi, un certain nombre de professionnels étaient au rendez-vous pour s'y frotter.
Pour l'atteindre, ça paraît tout simple (par écrit seulement) : il suffit de se faire tracter par un jet ski jusqu'à environ 3km de la plage. Ensuite, c'est une bulle d'extase. Entre la taille des vagues qui donne un sentiment de petitesse au milieu de tout ça, la vitesse, le bruit, le vent, c'est vraiment un immense kif" dixit le surfeur Stéphane Iralour.
Il ajoute quand même que le risque principal, c'est la noyade, parce qu'une fois sous des tonnes d'eau comme ça (le mur d'eau peut arriver à plus de 60km/h) on ne sait jamais ni comment ni où on ressort.
Ci-dessous les exploits de Peyo Lizarazu (le frère de Bixente), Stéphane Iralour et surtout ceux de la Girondine Justine Dupont, première surfeuse en Europe de la vague Belharra.
Attention, spectacle éblouissant (et... euh.. c'est chez nous au Pays Basque, cocorico).